Chers membres et personnes intéressées,
Nous espérons que vous avez bien débuté ce printemps. Cette nouvelle édition de notre newsletter vous propose un tour d’horizon de projets engagés, de publications récentes et d’actualités politiques en lien avec la diversité des plantes cultivées.
Vous y trouverez un retour sur notre assemblée générale 2025 au centre Pro Natura de Champ-Pittet, avec des informations de l’OFAG concernant la prochaine phase du PAN-RPGAA. Nous vous informonségalement des prochaines dates importantes, telles que l’excursion annuelle à la ZHAW en octobre ou le congrès RPGAA en novembre. Plusieurs articles vous plongent dans les projets de nos membres : célébrations anniversaires, recherches scientifique sur les châtaigniers et la Poire à Botzi, et appels à stages.
Nous abordons aussi des thèmes nationaux et internationaux : les résultats de l’évaluation du PAN-RPGAA, les nouvelles données sur la consommation de légumes en Suisse, le rapport mondial de la FAO sur la diversité génétique des plantes cultivées, et les discussions européennes autour des nouveaux OGM. Enfin, ne manquez pas notre article sur le programme d’allègement budgétaire 2027 mis en consultation, qui pourrait impacter directement le financement des projets en lien avec la diversité cultivée.
Nous espérons que cette sélection vous apportera inspiration, information et matière à réflexion.
Bonne lecture !
Le bureau de la CPC
Contenu
Du côté de la CPC
Assemblée générale 2025 de la CPC au centre Pro Natura de Champ-Pittet
Délégation albanaise en voyage d’étude en Suisse et actions en Albanie
Du côté des membres de la CPC
Fructus fête ses 40 ans au service de la diversité fruitière
Châtaignier : une population génétique unique révélée en Suisse
National
- Nouveaux chiffres sur la culture et la consommation de légumes en Suisse – quelles implications pour les variétés traditionnelles ?
SWIFCOB 25 : Biodiversité et Gerechtigkeit – Quand justice et diversité se croisent
International
Nous organisons une excursion d‘une journée le 1er octobre à l‘institut pour l‘environnement et les ressources naturelles du ZHAW, sur le Campus Grüenetal (ZH).
Voici le programme provisoire:
- 10:00 – 10:20La Swiss Apple Core Collection (pommes), avec Jürg Boos ou Julia Lietha
- 10:20 – 11:15Les petits fruits – du champ au laboratoire, avec Julia Lietha
- 11:15 – 12:00Le jardin de démonstration de légumes, avec Guido Kunz
- Repas de midi dans un restaurant de campagne
L‘après-midi sera consacré à la vigne et nous serons guidés par Peter Schumacher:
- 14:00 – 14:45La collection de vigne
- 14:45 – env. 15:30 Le musée du vin
Un verre du vin historique „Räuschlingen“ vous sera offert.
Veuillez d’ores et déjà réserver la date !
L‘excursion s‘adresse aux membres de la CPC, qui recevront une invitation personnelle par email. Toutefois, les personnes externes intéressées sont également bienvenues.
Le programme définitif sera publié dans notre prochaine newsletter.
Save the date: Congrès RPGAA - 13 novembre 2025
Notre prochain congrès sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (RPGAA) aura lieu le 13 novembre 2025 au centre de formation Wald de Lyss (BE).
Le thème est en train d‘être discuté au sein du comité et sera porté à votre connaissance cet été, dans la prochaine newsletter.
Veuillez réserver la date dès aujourd’hui !
Assemblée générale 2025 de la CPC au centre Pro Nature de Champ-Pittet
La CPC a tenu son assemblée générale 2025 le 21 mars, dans le magnifique cadre du Centre Pro Natura de Champ-Pittet, à Cheseaux-Noréaz. Après l’approbation des comptes, les membres ont adopté les statuts révisés de l’association. Actuellement, ils sont en cours de traduction et seront à disposition sur notre site internet d’ici fin avril.
L’assemblée a remercié Bettina Müller pour son engagement au sein du comité durant ces deux dernières années, et a accueilli Boris Bachofen en tant que nouveau membre du comité. Boris, actif chez Rétropomme depuis de très nombreuses années, est bien connu du réseau.
L’OFAG a été invitée à communiquer des informations concernant le PAN-RPGAA. Les points forts de la phase VIII devraient être soumises à la CPC d’ici la fin de l’été. Dès lors, débutera la période de consultation. Nous interviendrons auprès de nos membres à ce moment afin de recueillir leurs propositions. Christina Kägi informa ensuite sur le rapport final d’évaluation du PAN-RPGAA, dont les recommandations sont en train d’être examinées par l’OFAG. Retrouvez le résumé des résultats du rapport ici.
Ensuite, les membres ont été invités à découvrir les jardins du centre Champ-Pittet de Pro Natura, un haut-lieu de sensibilisation à la biodiversité autant sauvage que cultivée.
Thierry Pellet, directeur du centre a accueilli chaleureusement une vingtaine de membres de la CPC avant de les confier à Bruno Kilchherr, jardinier expérimenté et passionné. Le centre Pro Natura de Champ-Pittet est le plus grand centre nature de Suisse et accueille chaque année près de 50’000 personnes. Le site propose une véritable immersion dans la biodiversité à travers trois jardins thématiques :
Le jardin des sentiments, où chaque carré incarne une émotion, accompagnée d’un poème.
Le jardin d’antan, dédié aux plantes médicinales, aromatiques et ombellifères, conçu en miroir entre structure ordonnée et végétation plus libre.
Le jardin des délices, inspiré des potagers de château, entouré de murs, avec un petit verger basse tige et des petits fruits.
À cela s’ajoutent un verger haute tige, où l’on récolte jusqu’à 4 tonnes de pommes par an pour le jus et le cidre, ainsi qu’un marché de vente directe lorsque la cuisine ne peut absorber toute la production. Les produits cultivés sont utilisés autant que possible dans le restaurant du centre, pour illustrer la diversité alimentaire et expliquer, par exemple, l’origine des carottes violettes ou des pommes de terre roses. Le jardin devient ainsi un outil de lien entre production et alimentation.
Le 29 janvier 2025, le Conseil fédéral a mis en consultation un programme d’allègement budgétaire. Objectif : réduire les dépenses de la Confédération de 2,7 milliards de francs en 2027, puis de 3,6 milliards dès 2028. Ce programme touche de nombreux domaines et acteurs, dont les hautes écoles, les musées, les fondations agricoles et les organisations non gouvernementales, surtout celles actives dans la protection de l’environnement.
Notre secteur ne fait pas exception : il serait également touché par des coupes dans les “aides financières” accordées par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) pour les projets de conservation ou d’utilisation de la diversité génétique des plantes cultivées.
L’un des changements prévus est la limitation à 50 % de la part que la Confédération pourra cofinancer dans le cadre des aides financières allouées à divers projets. Cela ne concernerait pas les mandats de prestations (comme les collections et projets P), mais bien les projets d’utilisation durable ou de sensibilisation soutenus par le Plan d’action national pour la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques (PAN-RPGAA).
Pour mieux comprendre les impacts concrets de cette mesure, la conseillère aux États Maya Graf a déposé une interpellation parlementaire (25.1011) le 19 mars. Elle demande, entre autres, dans quels domaines la Confédération a dépassé les 50 % de cofinancement ces dernières années, quels montants sont concernés, et si cette limitation pourrait, au final, décourager certains projets ou alourdir inutilement les procédures administratives.
La procédure de consultation est ouverte jusqu’au 5 mai 2025. Certains membres de la CPC, comme ProSpecieRara, ont déjà annoncé leur intention de déposer une prise de position. La CPC est en train de rédiger une prise de position commune, que les membres peuvent soutenir s’ils ne souhaitent ou ne peuvent pas soumettre leur propre contribution.
En décembre 2024, une délégation albanaise composée de représentants du ministère de l’Agriculture, de la Banque Génétique, de l’Association Albanaise d’Agritourisme et de plusieurs fermiers a participé à un voyage d’étude en Suisse, organisé par ProSpecieRara. Elle a entre autres visité la banque de gènes de Changins et Sativa Rheinau, pris connaissance du PAN-RPGAA de l’OFAG et des activités de la CPC et du FIBL. Cette visite avait pour but de s’inspirer du modèle suisse (collaboration étroite entre acteurs publics, privés, ONG, agriculteurs) afin de renforcer la conservation des RPGAA en Albanie mais surtout trouver des pistes pour valoriser les variétés locales sur le marché.
S’inspirant de ce modèle, plusieurs initiatives sont en cours en Albanie. Une fête des semences est prévue, afin de sensibiliser le public à la richesse des variétés locales.
En parallèle, avec le soutien de GIZ, un processus de certification/labelisation est en développement pour permettre aux fermiers de valoriser leurs cultures issues de semences autochtones, et aux producteurs alimentaires de commercialiser des produits — transformés ou non — issus de ces variétés, selon un modèle similaire à celui de ProSpecieRara.
Les experts de la Banque Génétique accompagnent directement les fermiers dans la production de ces variétés autochtones, en leur fournissant les graines nécessaires, tout en assurant que les récoltes contribuent à régénérer les collections de la Banque Génétique albanaise. À terme, les fermes partenaires et les agritourismes deviendront des espaces de conservation on farm, suivant le même modèle que le réseau conservatoire développé par ProSpecieRara.
Enfin, l’Albanie explore également le potentiel touristique de ces variétés, en les intégrant dans l’offre des agritourismes qui proposeront des expériences de la « graine à l’assiette », renforçant ainsi le lien entre biodiversité agricole, gastronomie locale et attractivité touristique.
Le jardin botanique d’Erschmatt a été créé en 1985 afin de préserver et de rendre visible la diversité des plantes cultivées en Valais. À l’époque, la région se caractérisait par des champs de céréales traditionnels avec du seigle, du blé, de l’orge et de l’avoine valaisans, ainsi que par une flore ségétale rare (www.sortengarten.ch).
Au cours des 40 dernières années, l’équipe du jardin botanique d’Erschmatt a exposé plus de 1 000 variétés de céréales, ainsi que de nombreuses variétés de maïs, de féveroles et de légumes, et a mené différents projets de conservation de la diversité des plantes cultivées. Cela a donné naissance à la collection variétale valaisanne, qui a été reconnue en 2020 comme patrimoine culturel immatériel d’importance cantonale. En 2022, elle a été intégrée à l’association « Erlebniswelt Roggen Erschmatt » et, depuis, de nouveaux projets ont été lancés pour développer l’utilisation de la diversité des plantes cultivées.
Le jardin botanique d’Erschmatt se trouve à deux endroits dans le village d’Erschmatt. La première partie se situe à la Kreuzstrasse, où sont cultivées différentes plantes de culture et où se trouve le jardin d’exposition. Dans le jardin botanique de la Zälg (au-dessus du village), le seigle est cultivé sur des terrasses de culture traditionnelles, et on y trouve de nombreuses espèces de la flore ségétale.
Pour le 40e anniversaire du jardin botanique d’Erschmatt en 2025, diverses activités sont prévues de mai à novembre 2025. La journée des portes ouvertes des fours du 31 mai 2025 est considérée comme l’événement anniversaire de cette année. En outre, six excursions sur le thème de la « diversité » seront organisées et ouvertes au public. Vous trouverez de plus amples informations sur les excursions ainsi que sur d’autres projets en cours sur notre site Internet : www.erschmatt.ch/fr/actualite-1.
La filière Agronomie de HEPIA (Haute École de la HES-SO Genève) propose un module estival de 4 semaines intitulé Stage en entreprise horticole dans le cadre du cursus de Bachelor HES en Agronomie. Ce stage, qui se déroule durant les mois de juillet et août, offre aux étudiants une immersion pratique dans le domaine horticole.
Les entreprises intéressées à accueillir ces étudiants sont invitées à se manifester auprès de François Lefort, responsable de la filière Agronomie, pour plus d’informations ou pour proposer une place de stage.
Contact : francois.lefort@hesge.ch

En 2025, FRUCTUS célèbre son 40ᵉ anniversaire et pour marquer ce jubilé, l‘année sera ponctuée de plusieurs évènements organisés par l‘association.
Le premier a eu lieu le 31 janvier et était consacré au thème : « Marketing & Storytelling : Comment bien positionner sur le marché les produits issus du verger à haute tige ». Il a réuni des praticiens et experts en agriculture, en marketing et en gastronomie, offrant ainsi une perspective multidisciplinaire sur la valorisation des produits à haute tige, notamment les châtaignes. D‘autres cultures étaient également mises à l‘honneur, telles que les pommes de terre et les fèves de montagne. Cette journée a permis de mettre en lumière les enjeux contemporains liés à la culture et à la commercialisation des produits traditionnels.
Le prochain évènement anniversaire, en dehors de l‘assemblée générale, est prévu les 18 et 19 octobre à la Markthalle de Bâle. Il sera combiné avec le marché aux pommes annuel de la Alte Markthalle ainsi qu‘avec l’EUROPOM, l’exposition transnationale qui rassemble, chaque année dans un pays partenaire différent, 12 organisations européennes engagées dans de conservation des fruitiers.
Liens:
Associazione castanocoltori della Svizzera italiana
Bergkartoffeln.ch
Nous souhaitons porter à votre connaissance les résultats d’une étude publiée en 2020 et réalisée en collaboration avec l’Associazione Castanicoltori della Svizzera italiana. Ils mettent en lumière le rôle de la Suisse comme réservoir de diversité génétique du châtaignier européen. L’étude, basée sur plus de 14’000 arbres inventoriés, identifie une nouvelle population génétique spécifique à la Suisse, soulignant la richesse patrimoniale et le potentiel de conservation.
Des résultats d’une publication scientifique de 2019 sur la Poire à Botzi, réalisée par l’HEPIA HES-SO méritent d’être ressortis et remis au goût du jour. Dans cette étude, la variété « Petite poire à grappe », utilisée pour la production de la Poire à Botzi AOP, a été caractérisée génétiquement afin d’investiguer si la diversité de couleurs observée chez les fruits serait dû à des génotypes différents. L’analyse génétique a révélé l’existence d’un unique génotype et que la variation de la couleur dépend certainement des conditions environnementales comme l’altitude ou l’état de maturité à la récolte.
Conclusion de l’évaluation d’impact du Plan d’action national pour la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (PAN-RPGAA)
Depuis 1999, le PAN-RPGAA est mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) en collaboration avec différentes organisations de conservation. Il soutient des projets en lien avec la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques (RPGAA) en Suisse. Mandatée par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), la société Carbotech a évalué la mise en œuvre de plus de 20 ans du PAN-RPGAA et a apporté un regard externe sur son efficacité. Outre l’impact sur la conservation et l’utilisation durable des RPGAA, Carbotech a également évalué la contribution du plan d’action à la sécurité alimentaire en Suisse.
Le rapport final de l’évaluation est publié dans la base de données de projets Aramis.
Résultats principaux de l’évaluation :
La banque nationale de gènes RPGAA (banque de gènes d’Agroscope et collections de conservation du PAN-RPGAA) comprenant env. 6 000 accessions, remplit sa mission centrale de conservation. Pour les organisations de sélection et de multiplication, elle constitue la principale source de ressources génétiques issues de Suisse. Toutefois, la banque de gènes conserve très peu de sources de protéines végétales (légumineuses), alors même qu’une utilisation accrue de ces ressources est largement demandée.
La documentation des RPGAA et les connaissances associées sont jugées essentielles pour le développement de la sélection et pour une utilisation durable. La qualité et la portée des descriptions doivent encore être améliorées.
La conservation et l’utilisation durable des CWR (plantes sauvages utiles et espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées) sont encore peu soutenues. Une intensification des activités dans ce domaine serait souhaitable.
L’utilisation d’une grande diversité génétique est surtout répandue dans le jardinage amateur et sur les exploitations agricoles pratiquant la vente directe. Le catalogue des variétés de niche est ici considéré comme un outil favorable à l’accès au marché.
En revanche, seule une diversité génétique limitée atteint le commerce de détail. Les normes et prescriptions des branches, de la transformation et du commerce de détail, ainsi que des exigences élevées, freinent l’intégration des anciennes variétés dans l’assortiment.
Les actions de sensibilisation à la diversité génétique ont été efficaces, mais la population générale n’a toujours pas une connaissance approfondie de l’agrobiodiversité.
Les moyens du PAN-RPGAA sont utilisés de manière efficiente. La collaboration avec les acteurs privés et les ONG, sous forme de partenariat public-privé, contribue à cette efficience grâce à leurs apports propres et au bénévolat.
Le rapport d’évaluation formule dix recommandations :
Créer les conditions pour un suivi (monitoring) des objectifs du PAN-RPGAA
Renforcer le soutien aux RPGAA fournissant des sources de protéines végétales
Intensifier les activités pour la conservation et l’utilisation durable des CWR
Combler les lacunes dans la description des accessions de la banque nationale de gènes
Renforcer la coopération internationale
Soutenir les essais variétaux en lien avec les changements environnementaux émergents
Promouvoir et sécuriser l’indépendance financière des projets
Élaborer un concept pour les exigences de performance sur une période de soutien prolongée
Mieux intégrer les agriculteurs et les conseillers agricoles
Ancrer l’agrobiodiversité dans la stratégie nationale sur la biodiversité
L’OFAG examine actuellement quelles recommandations parmi les dix seront intégrées dans les priorités de la prochaine phase du projet PAN-RPGAA pour la période 2027–2030, et sous quelle forme elles le seront. Ces priorités seront soumises à la CPC pour consultation d’ici la fin de l’été.
L’Office fédéral de la statistique a publié en février un rapport sur la production et la consommation de légumes en Suisse : en 2023, 388 000 tonnes ont été produites, avec une consommation par habitant d’environ 100 kg par an, soit 270 g par jour. Le taux d’autosuffisance de la Suisse était de 44 %, avec de grandes différences selon les types de légumes (OFS, 2025).
Les carottes, salades et oignons représentent la majeure partie de la production nationale. Leur taux d’autosuffisance est de 86 %, 63 % et 60 % respectivement. Cependant, les légumes les plus populaires auprès des consommateurs sont les légumes-fruits, tels que les tomates, courgettes, poivrons ou concombres – ceux-ci sont importés à plus de 80 %, principalement d’Espagne, d’Italie et des Pays-Bas (OFS, 2025).
La grande quantité d’importations pose des défis pour la diversité des variétés et la préservation des légumes traditionnels. Il est à supposer que seules quelques variétés productives, faciles à transporter et issues de la production industrielle dominent le marché, tandis que de nombreuses variétés traditionnelles sont négligées.
Cependant, des opportunités concrètes pour les variétés traditionnelles découlent du comportement d’achat des consommateurs : selon le rapport, la saisonnalité et l’origine régionale sont les critères de décision les plus importants. Les variétés traditionnelles de légumes sont des produits saisonniers et souvent étroitement liés à des régions de culture spécifiques, ce qui leur permet de répondre particulièrement bien à cette demande. Un exemple mentionné dans le rapport est la « Küttiger Rüebli », qui est encore cultivée dans les districts d’Argovie.
Source : Diversité dans l’assiette : les légumes en Suisse, OFS, 2025
Le 7 février 2025 s’est tenue à l’Université de Berne la 25e édition du Swiss Forum on Conservation Biology (SWIFCOB), intitulée cette année « Biodiversité et Justice : promouvoir la diversité, surmonter les inégalités ». Le thème a suscité un vif intérêt : la salle était remplie et de nombreuses personnes ont suivi la conférence en ligne.
Experts en droit, géographie, finance durable ou encore en politique ont exploré les liens complexes entre perte de biodiversité, justice sociale et cadre juridique. L’idée centrale ? Un véritable progrès en matière de conservation ne peut se faire sans équité. Cela implique d’intégrer les savoirs locaux (comme ceux des populations alpines), de reconnaître les mécanismes d’exclusion à l’œuvre, et d’interroger les fondements politiques des décisions environnementales.
Parmi les pistes discutées :
La reconnaissance juridique de la nature, par exemple donner une personnalité juridique à des entités comme la rivière Aar.
Le rôle du droit : s’il offre des outils puissants, son application est souvent freinée par un manque de volonté politique.
La critique d’un système dans lequel certaines subventions nuisent encore gravement à la biodiversité, faute d'une approche transversale.
Une vision plus utilitariste de la nature, parfois jugée malsaine mais pragmatique, pour sensibiliser le public : « tant qu’à faire, autant parler en chiffres ».
Dans les échanges, un participant a souligné que ceux qui gagnent dans le système actuel sont aussi ceux qui ont le pouvoir… D’où l’importance de créer un véritable équilibre entre droits humains, justice écologique et équité d’accès à l’information.
SWIFCOB reste une plateforme essentielle pour croiser sciences, société et action publique. Le rapport complet, les présentations et les vidéos sont disponibles ici.

“Le renforcement de la conservation et de l'utilisation durable des ressources phytogénétiques n'est pas seulement une priorité agricole – c'est une nécessité fondamentale pour assurer un avenir plus durable, plus résistant et plus sûr sur le plan alimentaire pour tous.” – Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
C’est par cette préface que débute le troisième rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (RPGAA), paru fin mars. Ce document de 250 pages comprend une analyse détaillée basée sur les informations de 128 pays et de 13 centres de recherche internationaux pour la période 2011–2022. Il s’articule autour de quatre domaines principaux et les compare aux résultats de la publication de 2010 :
- La conservation in situ a permis de recenser un total de 6 200 espèces et variétés de plantes – dont environ 42 % ont été classées comme menacées dans au moins une étude. Les zones protégées dans lesquelles ces plantes poussent ont été étendues et les agriculteurs du monde entier continuent de cultiver des variétés traditionnelles sur environ 35 millions d’hectares. Parallèlement, des événements climatiques extrêmes tels que des sécheresses et des inondations ont entraîné un besoin croissant de « semences de secours » pour la remise en culture.
- La conservation ex situ dans les banques de gènes comprend désormais plus de 5,9 millions d’échantillons dans plus de 850 banques de gènes à travers le monde. Depuis 2009, ce nombre a augmenté de 8 %. De nombreux échantillons sont en outre conservés dans des entrepôts de sécurité, par exemple dans la chambre forte des semences du Svalbard. L’entretien et le renouvellement des semences, ainsi que leur contrôle sanitaire, restent toutefois des défis.
- Des progrès ont été réalisés dans le domaine de l’utilisation durable, notamment en ce qui concerne la caractérisation des stocks de la banque de gènes par des analyses génétiques. Des programmes d’amélioration génétique ont été menés dans 87 pays et ont concerné environ 500 espèces de plantes cultivées. Cependant, le financement insuffisant et le manque de variétés spécifiques continuent à entraver une utilisation plus large de ces ressources, en particulier dans les pays du Sud.
- Les capacités humaines et institutionnelles pour conserver les RPGAA ont été améliorées dans le monde entier. Les offres de formation et la coopération internationale se sont développées. Néanmoins, de nombreuses lacunes subsistent, notamment en ce qui concerne le financement, la collaboration entre les organisations et la formation des professionnels.
Comparé aux deux rapports précédents (1996 et 2010), des progrès significatifs ont été réalisés en matière d’inventaire et de conservation de la diversité des variétés et des espèces. Néanmoins, des défis importants subsistent dans le domaine de l’érosion génétique, notamment en ce qui concerne les risques liés au climat et les ressources financières insuffisantes pour les mesures de conservation.
Le 11 février 2025, 139 organisations de 23 pays européens ont signé une lettre ouverte adressée aux ministres de l’Agriculture de l’UE. Ce texte exprime des inquiétudes concernant la proposition de dérégulation des nouveaux OGM en lien avec la réforme du droit des semences.
La lettre évoque notamment des risques pour la diversité des semences, la traçabilité, la sécurité juridique des petits acteurs et les droits des agriculteurs. Elle demande que ces organismes restent soumis à des règles strictes en matière d’évaluation, de traçabilité et d’étiquetage.
La lettre est disponible ici.